Le coureur de Warsage a fait le plein de confiance en vue de la Coupe du Monde, des Mondiaux et, qui sait, des Jeux

La première victoire a toujours une saveur particulière mais certains savent choisir leur jour pour ouvrir leur palmarès. Thibaud Thomanne, par exemple, a inauguré le sien en s’offrant la première édition du Tour des Flandres pour paracyclistes (Classics Ronde in Flanders). Une superbe victoire pour l’athlète de Warsage.

S’il rappelle que son sport se divise en plusieurs catégories – tandem, tricycle, handbike et cycliste – avec cinq sous catégories en fonction du handicap, Thibaud mérite à coup sûr ce coup de projecteur, lui qui n’est venu à la discipline que récemment, à la suite d’un grave accident en 2016. « Je souffre d’un handicap majeur aux deux jambes, c’est comme si je pédalais sur une seule jambe, ce qui me vaut d’appartenir à la catégorie C1, celle où le handicap est le plus élevé. »

Entre Pittem et Renaix, 60 bornes pour lui et ses adversaires sur un parcours certes dépourvu de Koppenberg ou de Vieux Quaremont mais recensant néanmoins le Mont de l’Enclus et la Côte de Trieu par exemple, sans parler d’un final musclé. Une vraie classique par rapport aux kermesses, comme chez les valides. « On a plutôt l’habitude de rouler en circuit autour d’une église. On enchaîne les tours au point de connaitre chaque caillou. »

Autant dire que s’aligner au départ du Ronde procurait un plaisir certain à celui qui porte le maillot Bingoal Wallonie-Bruxelles. « On a pu rouler en ligne, en peloton, avec des spectateurs sur le bord de la route… Encadrés par des signaleurs à moto et passer à des endroits emblématiques comme les pros. » Et on y ajoute un plateau international avec tous les spécialistes européens mais aussi des Colombiens et des Américains notamment.

Ambitieux au départ, le Liégeois de 27 ans a parfaitement manœuvré tactiquement en réussissant à intégrer un groupe de coureurs de la catégorie C2, donc nettement plus fort que lui sur papier. « Je n’ai pas su relayer mais je me suis accroché au bon wagon. Quand j’ai lâché avec deux autres dans al Côte du Trieu, je savais que mes réels adversaires se trouvaient loin derrière. Là j’ai pu collaborer, effectuer ma part de boulot pour recoller. »

Performance tactique et physique qu’il doit sans aucun doute au gros travail fourni à l’entraînement sous la houlette de Christophe Prémont – ex pro et désormais préparateur physique chez Bingoal – Wallonie Bruxelles – ainsi qu’à l’expérience acquise dans les épreuves de l’ECW, avec les Masters. « Cela m’a apporté énormément au niveau du rythme – deux courses bouclées à plus de 41 km/h – de la gestion du stress, du placement. Ici, nous avons eu quelques relances vent de face, le genre de choses qui ne s’apprennent qu’en course. Difficile au niveau du paracyclisme où on bénéficie de peu de courses, avec peu de partants et des grosses différences de niveau. »

Un Wallon roi des Flandres qui récolte, plus qu’un premier succès international, la récompense des efforts consentis et une grosse dose de motivation en vue des objectifs à venir : La Coupe du Monde à Ostende, qualificative pour les Jeux de Tokyo, et les Mondiaux au Portugal. Les Jeux Paralympiques, un rêve qui devient peu à peu envisageable. « Cela ne représentait pas un objectif. Mais les progrès réalisés depuis le premier confinement m’ont permis de franchir des paliers. Un podium à Ostende et je deviendrais sélectionnable pour Tokyo. On verra, je ne serais pas déçu si je passe à côté : je vise avant tout Paris en 2024 avec davantage d’expérience et d’ambitions. »

Pas de pression donc mais, sans aucun doute, l’envie de goûter à l’atmosphère des Jeux avec un peu d’avance.

Joël GREGOIRE