« Dans La Redoute, c’était magique »

Chaque course dont il prendra le départ sera forcément la dernière puisque Philippe Gilbert dispute sa dernière saison. Si toutes lui rappelleront des souvenirs, souvent bons, la semaine ardennaise et plus particulièrement Liège-Bastogne-Liège s’annonçait chargée d’émotion. Natif de Remouchamps, il connaît les routes et les côtes par coeur, principalement celle de La Redoute qui domine le village. C’est là que gamin il allait voir passer les coureurs, avant de lui-même enfourcher un vélo, jusqu’à devenir professionnel et disputer à son tour cette Doyenne!

Dimanche, il a prenait le départ pour la 17e fois, conscient qu’il ne jouerait pas la gagne. « Ma préparation  été perturbée et si ma forme est correcte, elle reste insuffisante. Liège-Bastogne-Liège ne ment pas, je ne m’attends pas à savoir suivre les meilleurs jusqu’au bout. » Le public et tous ses supporters n’en avaient cure, ils tenaient avant tout à venir l’acclamer une dernière fois dans « sa » Redoute, le remercier et l’encourager par les applaudissements. Et si Phil disait encore la veille qu’il ne se laisserait pas submerger par l’émotion, qu’il s’économiserait s’il figurait encore au sein du bon groupe…« C’était magique! Je m’attendais à quelque chose de fort mais c’était encore supérieur à ce que javais imaginé, plus intense que lors de ma victoire en 2011! Je n’étais plus devant cette fois mais le public m’a porté. »

Acclamé tout au long des 257 kilomètres jusqu’à l’arrivée à Liège, Philippe Gilbert a terminé en saluant ce public dont il ne cache pas l’importance à ses yeux, surtout au terme de deux saisons perturbées par le Covid. « Certains s’en sont accommodés mais moi j’avais du mal sans ressentir l’émotion, sans voir les gens sur le bord des routes. C’est primordial pour moi de faire vivre de grands moments aux gens, donner de l’émotion… » Et en recevoir pour l’occasion. Le gobelet de bière saisi au vol au sommet de La Roche-aux-Faucons témoignant parfaiement de ce partage.

Rehaussée encore par la victoire de Remco Evnepoel, son « héritier » avec lequel il s’entend bien, cette journée restera gravée dans la mémoire du coureur Lotto qui entend bien donner le maximum jusqu’au terme de sa 20e saison pro. Prochain rendez-vous pour lui, les Quatre Jours de Dunkerque avant la suite d’un programme encore indéfini mais abordé avec une double ambition évidente: retrouver son meilleur niveau, et qui sait renouer avec le succès, et bien entendu, transmettre passion et émotion.

J. Gr.

Photo Nicolas Orban (orban-nicolas.com)