« Chaque détail compte mais l’essentiel reste souvent la communication »
Maxime Monfort n’a pas dû chercher longtemps dans quelle voie s’orienter après sa carrière. Il était toujours coureur quand on l’a incité à resigner comme… directeur sportif. Et lorsqu’un an plus tard, Lotto lui a proposé le poste de Performance Manager, il n’a guère hésité. Intéressé depuis toujours par les multiples aspects de son sport, ayant déjà suivi plusieurs cursus de formations (Adeps/FCWB, UCI,…), Maxime endosse là un rôle taillé à sa mesure. Primordial dans le cyclisme moderne, complexe par le nombre de paramètres qu’il englobe mais visiblement passionnant.
Mais quelle est finalement la description de fonction d’un responsable de la performance? « C’est avant tout à l’intersaison que l’essentiel du boulot s’effectue, entame-t-il. On y réalise tout le set-up, la mise en place liée au matériel et aux tests aérodynamiques. Chez Lotto, nous sommes liés à des partenaires techniques, nous devons exploiter au mieux ce qu’ils nous offrent: Ridley, DT WSiss, Vittoria,… »
Vélos, roues, pneus, cela peut paraître logique mais ceux qui pensent encore qu’un pneu reste un pneu devront revoir leur jugement… « C’est impressionnant, même pour quelqu’un comme moi de voir l’influence: gomme, pression, largeur du pneu… Quand on chiffre cela pour un coureur, cela ne tient plus du détail. » Concernant le vélo proprement dit, l’équipe a également travaillé, testé, comparé avant d’opter pour un vélo plus lourd mais plus aérodynamique. Un boulot global dans la mesure où il profite à tous les coureurs, avant une approche individualisée.
Le contre-la-montre par exemple. « La position est propre à chacun, on tente donc de trouver la meilleure, avec il est vrai une attention accrue pour les spécialistes de la discipline. » Lesquels bénéficieront logiquement de davantage d’attention pour les stages ou le travail spécifique de cet exercice. De quoi amener à évoquer la préparation de chacun. « Nous collaborons avec EnergyLab et les entraîneurs. certains ayant leur préparateur privé. A cela s’ajoute l’aspect médical, pour les blessures, maladies, pépins de santé… mais aussi la nutrition. » L’alimentation, parfait exemple de paramètre qui comporte des aspects généraux et d’autres liés à chaque individu. »
Aux aspects physiques et physiologiques s’ajoute désormais la préparation mentale. « Un esprit sain dans un corps sain », adage plus vrai que jamais dans le cyclisme aujourd’hui. « Nous avons un coach mental depuis cette saison, confirme Maxime. Il fournit un boulot important, on se rend compte qu’on en avait besoin. »
Pour résumer, le responsable de la performance doit veiller à ce que tout fonctionne et s’emboîte, ne rien oublier. « Il faut chapeauter le tout. Avec Nikolas Maes et Mario Aerts, nous coordonnons le mieux possible pour que chaqie gars dispose du programme, du calendrier qui lui convient. La décision finale nous revient mais il s’agit d’une concertation avec le coureur et l’ensemble de la direction sportive. »
Un professionnalisme qui se heurte toujours à une part d’imprévu, à l’image de ce printemps où le peloton a payé un lourd tribut aux virus de toutes sortes. « Un casse-tête à certains moments car il a fallu effectuer des changements au quotidien entre les cas de Covid résiduel, les grippes ou ce qui y ressemblait, sans parler de blessures et absences de longue durée… On n’avait plus assez de gars aptes à s’aligner au départ! »
Bien remplies donc les journées du citoyen d’Aywaille, d’autant qu’à tout ce travail de mise en place se greffe la mission de directeur sportif, au point de parfois frôler la surcharge… « En règle générale cela se passe bien mais il n’est effectivement pas évident de se trouver en course, dans la voiture, et devoir en même temps régler une question en amont. C’est pourquoi on veille toujours à ce que soit Nikolas, soit moi reste à la maison, disponible. »
Une combinaison qui serait même faite pour lui plaire, l’essence de la course demeurant bien ancré en lui. « L’ensemble me plaît vraiment mais contrairement à ce que je croyais au départ, la course elle-même et le coaching gardent ma préférence. C’est très chouette de connaître la partie performance et d’influer à ce niveau-là mais j’ai besoin du terrain. « D’autant qu’il s’agit de conserver un contact permanent avec les coureurs, au quotidien. « Avec Nikolas et Allan (Davis), nous gérons chacun un groupe de coureurs. Et oui, c’est au jour le jour car qu’on ne s’y trompe pas, même s’ils sont sacralisés, les coureurs sont remplis de doute. Du champion au néopro, tous… »
Au-delà du matériel, de la technique ou du résultat, le rapport humain reste l’essentiel aux yeux de Maxime Monfort. « Nous sommes là pour que tout… roule, pour gérer et régler tout ce qui peut poser un souci. La communication et la discussion règlent beaucoup de choses. » Dans le sport de haut niveau comme dans la vie en général…
J. Gr.