A la rencontre de Thierry Klinkenberg qui nous présente son sport, sa passion, son métier.
« Le trial ? Le vélo où on saute au-dessus de tout ? » Tout le monde croit connaître mais pour un public non averti, de l’enduro, du BMX, du trial, c’est un peu pareil, non ? Justement non. Qui mieux que Thierry Klinkenberg, ancien champion du monde et multiple champion de Belgique, pour nous faire découvrir la discipline.
Thierry, existe-t-il un âge minimum ou des prérequis pour s’essayer au trial ?
« Non, si l’enfant sait rouler à deux roues, on peut l’initier. Je conseille un cours de psychomotricité, on distingue facilement les gens qui en ont eu ou pas. En trial, le but est de faire un avec son vélo. Il faut dès lors, faire un avec soi au préalable. »
Cours, stages, comment se déroule l’apprentissage d’un trialiste qui débute ?
« L’approche est très facile dans un premier temps, on regarde, c’est impressionnant, on veut essayer. Une fois su le vélo c’est subitement moins facile. L’approche varie donc en fonction de l’individu, de son âge ou de sa pratique. Je rencontre pas mal de vététistes qui manquent de technique par exemple, même uniquement pour les loisirs : ils en ont marre de descendre du vélo pour passer un obstacle. »
Le trial peut donc servir pour l’écolage technique de tout jeune coureur ?
« Cela représente une base intéressante pour les autres disciplines : équilibre, trajectoire. On voit tout de suite la différence après un petit apprentissage : apprendre quelle est sa bonne et sa mauvaise pédale… Peu importe le sport pratiqué ensuite, les acquis serviront. A l’inverse, les gens qui se mettent au trial sans prendre de cours ne sont pas évidents à corriger si de mauvais gestes ont été répétés. »
Donner des cours à un majorité de gens qui se tournent ensuite vers autre chose que le trial, n‘est-ce pas frustrant ?
« Non, cela fait plaisir de faire progresser quelqu’un, quel que soit son niveau ou son objectif. Voir qu’un cours ou un conseil profite à un jeune vététiste me fait plaisir. Après, je me dis parfois que tel ou tel coureur ferait un bon trialiste au vu des qualités qu’il présente… »
Comment expliquer que le trial, au-delà de l’intérêt qu’il suscite demeure une discipline marginale en termes de pratiquants ?
« D’une part il faut que les parents suivent, soient disponibles pour accompagner sur les terrains d’entraînement. Le travail varie en fonction de l’objectif. Mais face à l’obstacle, il faut de la technique et de la persévérance. Ce qui explique un intérêt du public pour un exercice spectaculaire mais une pratique qui en décourage beaucoup. »
D’autant qu’à la technique s’ajoute un aspect physique indéniable…
« Au risque de surprendre, c’est un sport très, très complet, qui peut solliciter tout le corps. On pense à la résistance et à l’explosivité mais il ne faut pas négliger l’endurance, le fond nécessaires pour tenir plusieurs heures de compétition le samedi puis le dimanche. Outre les capacités pulmonaires et le cardio, j’insiste sur le gainage, car on sollicite autant les bras et le dos que les jambes. La proprioception est capitale car, si l‘équilibre lui est acquis, la proprioception doit se travailler au quotidien. »
Vous donnez des cours, des stages, vous entraînez ou avez entraîné la plupart des spécialistes en Belgique. Le coaching, une autre passion ?
« Oui, c’est essentiel, tant au niveau de ce que l’on enseigne que de la manière, la façon dont on fait passer une info. Tout le monde ne comprend pas de la même manière, il s’agit de trouver la bonne pour celui qui la reçoit. »
Le mental, une qualité prépondérante en trial ?
« Oui, et j’estime qu’en Belgique on n’a pas assez conscience de l’importance du psychologique. Si un Belge est le plus fort, pas de souci, mais s’il y a un doute ou un pépin, le moral flanche en général. Coaching mental, gestion du stress, cela fait partie du bagage de celui qui veut évoluer à haut niveau. »
Et s’il avoue que cet aspect mental lui a sans doute coûté un ou deux titres de champion du monde, Thierry Klinkenberg peut aujourd’hui servir d’exemple. Les cours et les stages d’un côté, les shows de l’autre, sans négliger les marques dont il est l’importateur, ses journées se révèlent parfois chargées mais il vit de sa passion et la partage.
J. Gr.